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Portrait du libraire Darot Mélanie

Portrait réalisé le 17/04/2019

Portrait de Mélanie - L'Etincelle

Valence, ville moyenne dans le département de la Drôme, a la particularité d'avoir un réseau diversifié et concentré de librairies.

Deux d'entre elles nous ont reçus pour nous parler de leurs déménagements respectifs récents.

Penchons-nous le temps d'un entretien sur ce qui anime Sophie André et Philippe Fusaro de l'Oiseau Siffleur et Mélanie Darot de l'Etincelle, et sur les orientations qu'ils souhaitent insuffler à leurs tout nouveaux magasins.

[Partie 2]

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L'Etincelle

location_on 31 rue Madier de Montjau - 26000 Valence

phone 09 73 13 75 97

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Rencontre avec Mélanie Darot de la librairie L'Étincelle

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre librairie ?

Au départ, je n'étais pas du tout dans la librairie. J'ai travaillé pendant plusieurs années en tant que conseillère en économie sociale, puis j'ai eu un parcours assez hétéroclite durant lequel j'ai notamment repris des études de droit. Arrivée à saturation, motivée par l'envie de changer d'univers, et poussée par mon compagnon qui s'intéressait au monde de la librairie, j'intègre en 2011 la formation de gestionnaire en librairie proposée à l'époque par la CCI de Lyon.

Je ne pensais pas créer forcément tout de suite, mais quand j'ai appris la fermeture de la librairie Urubu à Valence en 2012, je me suis dit qu'une place se libérait dans le paysage culturel de la ville. D'origine ardéchoise, je vivais depuis une dizaine d'années déjà à Bourg-lès-Valence qui est tout proche. J'avais alors hésité à créer une librairie jeunesse, mais je me suis dit que la littérature allait me manquer.

Vous avez récemment déménagé. Quelles ont été vos motivations ?

Je cherchais un local avec une réserve plus grande. On était serré aux périodes de Noël et de rentrée scolaire, durant laquelle je travaillais avec de nombreuses collectivités. Je voulais également augmenter mon chiffre d'affaires au comptant et diminuer cette part trop importante des collectivités, qui demandait beaucoup d'investissements pour au final un résultat peu rentable. Je voulais aussi changer de configuration. Dans le précédent magasin il y avait un étage où les clients ne montaient pas facilement, je voulais donc un local plain-pied.

J'ai eu la chance faramineuse de trouver cet emplacement actuel, plus central et dans une zone très commerçante et passante ; pas si éloigné de l'ancien magasin, à peine 5 minutes à pied, et qui m'a permis de garder ma clientèle. Je me suis certes rapprochée légèrement de la grande rue, où sont concentrées déjà plusieurs librairies, mais comme l'Oiseau Siffleur a également déménagé, il me semble que l'offre s'est équilibrée d'elle-même. Dans le centre de Valence, les magasins tournent assez vite et les petits commerces ont tendance à fermer rapidement. Certains locaux restent vides longtemps car les loyers sont bien trop élevés. D'où ma surprise lorsque j'ai trouvé un local de cette taille (140 m2), en plein centre, et au même prix que le précédent !

Images de la librairie L'Étincelle

Quelles modifications, évolutions ont été apportées suite à ce déménagement ? 

Il y a eu de gros travaux d'agrandissement car la surface de vente était beaucoup plus petite du fait de la place occupée par la réserve. J'ai donc réduit cette dernière à 30 m2 pour laisser environ 110 m2 en surface de vente. Les sols, l'électricité, les murs ont été en partie refaits. Les clients ont une impression d'espace plus grand, certains pensent même qu'on a doublé le stock alors que pas du tout !

Maintenant que nous sommes trois en magasin, nous pouvons nous spécialiser : Lison, qui est en apprentissage par exemple, est assez calée en Sciences Humaines, elle va donc s'atteler à réorganiser et à développer ce rayon. Lise, qui est à temps partiel, s'occupe plus spécifiquement de la jeunesse. On a développé le coin ado et ajouté une table en jeunesse que je n'avais pas auparavant et qui manquait véritablement. On a également plus de possibilités pour mettre en vue les jeux notamment ou les DVD. J'ai à présent de l'espace pour des mises en avant ainsi que des tables plus agréables et mobiles. En ce moment, c'est la poésie dans le cadre du Printemps des Poètes. Il manque encore mon enseigne dont il va sûrement falloir que je change les couleurs. Tout cela est long et compliqué car conditionné aux accords de la mairie et des bâtiments de France. 

Cela vous a demandé combien de temps ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de la mise en œuvre de votre projet ?

Cela faisait un moment que je cherchais des locaux suffisamment grands et abordables en centre-ville ; je voulais absolument rester à l'intérieur des boulevards, mais cela ne donnait rien. La première visite ici date de fin décembre 2017 et la librairie a ouvert ses portes en août 2018, soit 8 mois plus tard. Les travaux ont demandé environ 3 semaines puis il y a eu le déménagement en lui-même. On a fermé 3 semaines au total. La difficulté a consisté à devoir prendre un grand nombre de décisions et de risques, avant même de savoir si j'allais ou non avoir des subventions.

Avez-vous bénéficié de certaines aides ? si oui, pouvez-vous nous donner plus de précisions ?

J'ai déposé des demandes de subvention auprès de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la DRAC en mars 2018 pour l'aide à l'agrandissement et à la rénovation. En mai, ce fut la demande de prêt à taux zéro et de subvention économique auprès du CNL. Les délais de réponses ont été longs et cela fut compliqué et très stressant car j'ai dû donner des réponses avant même de savoir si des aides me seraient allouées. J'ai également bénéficié de l'aide d'Initiactive 26 07, qui soutient l'économie de proximité et vient en aide aux créateurs d'entreprises en Drôme-Ardèche, à travers des prêts à taux zéro et en étant garantie bancaire ; on est ainsi sûr de trouver une banque prête à vous suivre.

Comment s’est passé la réouverture et quel a été l'accueil de la clientèle ? A-t-elle suivi, évoluée et quels en sont les retours ? qu’en est-il de votre nouvel emplacement ?

Les gens étaient contents car c'était plus grand et très bien placé. J'avais prévenu ma clientèle bien en amont et cela a bien fonctionné, elle m'a suivie sans problème. Comme il y a beaucoup de passages, j'ai vu apparaître de nombreux nouveaux clients qui, en se promenant en ville pour faire leurs courses, découvrent avec surprise et intérêt la librairie.

Images de la librairie L'Étincelle

Comment avez-vous communiqué sur ce changement ?

Nous avions eu un article dans le quotidien Le Dauphiné Libéré que l'on a placé sur la porte de l'ancien magasin afin de prévenir les clients. Je leur en ai bien évidemment parlé directement, et j'ai également utilisé la newsletter et notre page Facebook.

Quelques mois plus tard, quel bilan faites-vous ?

Notre CA au comptant s'est bien développé, les clients sont satisfaits, ils trouvent le magasin à leur goût. Je suis très contente, d'autant que nous sommes une équipe de trois à présent et que cela fonctionne bien ; nous sommes très complémentaires au niveau de nos lectures notamment. Nous avons plus de place pour travailler chacune de façon efficace.

En plus des lectures d'histoires pour les 3-6 ans et le club ado une fois par mois, qui est amené d'ailleurs à déménager dans la réserve autour d'un espace plus grand et plus pratique, on a l'objectif de développer les rencontres avec les auteurs ainsi que le rayon Sciences-Humaines. Nous comptons aussi reprendre les soirées « apéro littéraires » très demandées par les clients et dont le principe est simple : les gens échangent sur leurs lectures autour de thématiques définies ; j'apporte de quoi boire et eux à grignoter, ou alors cela se fait en partenariat avec un restaurant moyennant une petite participation.

Qu’est-ce que représente aujourd’hui pour vous le fait d’être libraire indépendant ?

Je voulais une librairie ouverte où les gens se sentent bien accueillis et ont envie de revenir. Un lieu d'accueil et de contact. Venant du social, je ne pouvais me projeter dans un métier où il n'y en aurait pas. La librairie indépendante permet l'échange avec les clients à travers le conseil que l'on peut apporter, on vient pour quelque chose et finalement, on va en trouver une autre. Il s'agit de créer un lieu pour tous, proposant un choix éclectique de livres, et dans lequel chacun lit ce qu'il souhaite, sans jugement aucun. Pour moi, il n'y a pas de mauvaises lectures, l'essentiel est d'y venir avec la possibilité d'évoluer.


Propos recueillis par Chez Mon Libraire – Avril 2019

Librairie L'Étincelle
Année de création : 2013
Année de déménagement : 2018
Surface de la librairie avant le déménagement : 110 m2 / après le déménagement : 110 m2 + réserve 30 m2
Stock moyen avant le déménagement : 11 800 références / après le déménagement : 12 700 références