Octobre 2013 : la librairie Pleine Lune à Tassin, s'agrandit
Maritsa Boghossian, de la librairie Pleine Lune à Tassin-la-Demi-Lune, nous a accueilli dans ses nouveaux locaux. Un déménagement pour cause d'agrandissement, l'occasion de découvrir un parcours et un lieu emprunt de la personnalité de sa libraire.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours et sur ce qui vous a poussé à devenir libraire ?
Maritsa Boghossian : Journaliste de formation, j’ai exercé en tant que tel pendant 4-5 ans avant de travailler dans la communication, au sein d’une structure œuvrant dans le développement social et urbain. J’ai ainsi, entre 1994 et 2006 occupé un poste varié et complet, très en contact avec le tissu local et avec beaucoup de relations humaines.
Au bout de quelques années j’ai eu le désir de vivre une aventure professionnelle plus personnelle avec plus d’indépendance. Je souhaitais rester dans une activité où la relation humaine serait privilégiée tout en mariant ma passion pour les lettres. Venant d’une famille commerçante, la librairie représentait pour moi une sorte de fantasme où se croisaient ces différents univers qui me caractérisaient. Après quelques stages et la formation courte de l’Infl, je me suis lancée.
Quelle est la date de création de vos librairies et quel est leur positionnement ? Pourquoi avez-vous choisi ces villes plus précisément ?
Maritsa Boghossian : En août 2006 la librairie Pleine Lune a ouvert ses portes à Tassin-la-Demi-Lune, « rue de la liberté » ce qui n’était pas pour me déplaire. La précédente librairie-presse avait fermé trois ans plus tôt, il y avait donc une attente très forte de la part de la municipalité, des associations et surtout des habitants pour une librairie de quartier. Financièrement ce fut assez compliqué car les loyers étaient et sont toujours très chers dans l’ouest lyonnais ; d’autant plus pour les locaux situés en centre-ville comme celui-ci, proche de nombreux autres commerces de proximité. Après 2 ans seule en boutique, j’ai enfin pu prendre une apprentie.
J’étais très intéressée par la jeunesse au début, mais j’ai finalement opté pour un positionnement plus généraliste, étant donné mon intérêt pour les livres en général.
Vous avez récemment déménagé. Pouvez-vous nous dire où et pourquoi ?
Maritsa Boghossian : Une opportunité s’est présentée. Tassin s’est en effet engagé dans une vaste opération de renouveau urbain, avec la création d’une Zac en plein centre-ville, l’idée étant de faire venir de nouveaux commerces.
Au bout de deux ans d’ouverture, durant lesquels l’activité n’a cessé de croître, j’ai réalisé que je pouvais faire beaucoup plus. Début 2012, je dépose une demande de local commercial auprès de la mairie, mais le projet immobilier de la municipalité ayant changé entre-temps, la seule possibilité qu’il m'est restée finalement a été de l’acheter. Heureusement, une partie de ma famille s'est constituée alors en SCI pour acquérir le local actuel. Je suis leur locataire ce qui me permet de bénéficier d’un loyer raisonnable, tout en étant idéalement placé avec 21 mètres de façade commerciale, la librairie a pignon sur rue.
Quelles modifications, évolutions ont été apportées ?
Maritsa Boghossian : La façade, étant donné sa taille, représente un atout de taille évidemment et donc il faut encore plus travailler les vitrines. Pour l’aménagement intérieur, nous avons fait appel à une école de menuiserie qui a construit les meubles sur mesure. Nous avons aussi pu donner plus de visibilité aux livres, et développer des rayons comme les beaux livres, les polars ou créer un espace jeunesse bien séparé de l'univers adulte. L’objectif sera également d’augmenter le rayon BD pour lequel nous avons une forte demande et que nous aimons beaucoup.
Y a-t-il eu agrandissement des magasins ou création de nouveaux rayons ou espaces dédiés par exemple? Votre offre a-t-elle évolué ?
Maritsa Boghossian : La taille de la librairie ayant été multipliée par trois, les clients peuvent déambuler et évoluer plus aisément. Les rayons jeunesse, jeux, papeterie et la carterie sont à présent clairement identifiés et un meuble de présentation a été spécialement créé.
Cela s’est-il traduit par des embauches ?
Maritsa Boghossian : Oui ! Depuis l’automne 2013, j’ai salarié la personne qui avait fait son stage IPC, 4 jours par semaine.
Avez-vous bénéficié de certaines aides ? si oui, pouvez-vous nous donner plus de précisions ?
Maritsa Boghossian : Non car je n’en ai pas demandé. Mes investisseurs ont pu prendre en charge l’équipement de la librairie, mais à présent une demande d’aides va s’imposer. Je souhaite, en effet, enrichir mon fond et changer mon matériel informatique obsolète. Le développement d’un site internet est aussi à l’étude.
Cela a demandé combien de temps ? Avez-vous rencontré des difficultés lors de la mise en œuvre de votre projet ?
Maritsa Boghossian : La SCI a acheté le local à l’hiver 2012 et nous nous sommes installés en octobre 2013. Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières car j’étais bien entourée, je bénéficiais d’un local neuf et de l’enthousiasme de tout un quartier et de clients très en attente.
Comment s’est passé la réouverture ? La clientèle a-t-elle suivie et quels sont les retours ? qu’en est-il de votre nouvel emplacement ?
Maritsa Boghossian : Très bien ! La clientèle nous a suivi mais il faut dire que ce n'était pas loin ! À peine 100 mètres... Nous avons beaucoup de nouveaux clients qui apprécient d’avoir plus de choix. Les retours sont très positifs, l’espace plus grand permet de se promener, de déambuler dans la librairie. Nous voulons un espace où les personnes se sentent à leur aise. Certains viennent même de loin (plus de 15 kilomètres) du fait de la vaste zone de chalandise de l’ouest lyonnais. J’ai également pu compter sur une dynamique association de commerçants, souhaitant se positionner différemment par rapport au centre commercial d’Ecully tout proche, en privilégiant les commerces de proximité à taille humaine et la qualité du service.
Avez-vous dû mettre en place un dispositif particulier pour communiquer sur votre déménagement ? de nouveaux supports ont-ils vu le jour comme un site internet, une nouvelle charte graphique, avez-vous par exemple changé de nom ?
Maritsa Boghossian : Je n’ai pas développé d’outils particuliers pour communiquer. Le déménagement a été annoncé localement grâce à de la publicité dans les journaux gratuits du coin, un article dans Le Progrès et via la communication de la commune sur cette nouvelle zone commerçante.
Quel bilan faites-vous quelques mois plus tard ?
Maritsa Boghossian : L’accueil de la clientèle a été très positif. Le chiffre d’affaire a augmenté de 35% dès le départ mais il reste encore beaucoup à faire notamment au niveau de la signalétique, de l’enrichissement du stock. J’ai voulu créer un espace chaleureux et lumineux où il fait bon flâner. A présent il va s’agir pour moi de mettre en avant la qualité du fond, de poursuivre et affirmer notre rôle de conseil et d'affiner notre positionnement sur des rayons plus spécifiques comme les sciences humaines , les BD et les beaux livres.
Auriez-vous des conseils à donner à des confrères qui souhaiteraient se lancer dans ce type de projet ?
Maritsa Boghossian : S’entourer de professionnels et d’aidants pour l’aménagement d’un lieu qui vous ressemble. Je tiens beaucoup à la personnalisation du lieu, quand on vient dans ma librairie, on vient chez moi ...d'où la présence d'objets personnels en décoration.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Maritsa Boghossian : La librairie doit à présent trouver sa vitesse de croisière, et moduler son activité sur l’année avec un niveau de stock suffisant. Mon objectif est notamment d’atteindre les 8000 références d’ici début 2015. Les autres axes importants de développement dans l’avenir sont la clientèle des collectivités publiques, la mise en place d’un nombre plus important d’animations pour faire vivre le lieu et la réalisation d’ici 2 ans maximum d’un site internet marchand.
Qu’est-ce que représente aujourd’hui pour vous le fait d’être libraire indépendant ?
Maritsa Boghossian : Pour moi c’est une belle identité professionnelle, un métier qui fait « fantasmer », jouissant d’une image valorisée et valorisante. C’est un métier d’exception où la nouveauté se mêle à beaucoup de liberté, de culture, de patrimoine et de modernité. La qualité de la relation avec notre clientèle est un moteur au quotidien, tout comme l’évidente complicité qui se noue avec les auteurs. Les liens avec les éditeurs, dont nous sommes les principaux interlocuteurs, représentent un enjeu également très important.
Propos recueillis par Libraires en Rhône-Alpes - Mars 2015
Librairie Pleine Lune
28 Promenade des Tuileries, 69160 Tassin La-Demi-Lune
Tél : 04 72 59 05 13
Date d'ouverture : Juin 2006 / Date du déménagement : Octobre 2013
Surface : 90 m2 + réserve de 30 m2
Petite visite en photos de la librairie
