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Portrait du libraire Boudier Valérie et Patrice

Portrait réalisé le 14/03/2013

Portrait de Valérie et Patrice - La Bande dessinée

À l’occasion de leur 10e anniversaire, Valérie et Patrice Boudier nous ont ouvert les portes de La Bande dessinée en plein cœur de la Croix-Rousse. Retour sur leur parcours, leur librairie et de leurs projets à venir.

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La Bande dessinée

location_on 50 grande rue de la croix rousse - 69004 Lyon

phone 04 78 39 45 04

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Entretien avec Valérie et Patrice Boudier

Quel a été votre parcours professionnel et quelles ont été vos motivations pour devenir libraire ?

Devanture de La Bande dessinée en 2013

Devanture de La Bande dessinée en 2013 © Chez mon libraire

L’ouverture de cette librairie a marqué pour nous le début d’une seconde vie professionnelle. Nous étions l’un et l’autre bien installé·es dans nos carrières respectives de responsables commerciaux·ales. Nous sommes arrivé·es à Lyon suite à une mutation professionnelle, et c’est là qu’est née l’envie de tenter l’aventure d’un commerce à soi. Tout est parti de la passion de Patrice pour la bande dessinée, mais il est vrai qu’à la base nous ne connaissions pas grand-chose, si ce n’est rien, au métier de libraire.

Pourquoi avoir fait le choix d’une librairie spécialisée dans ce quartier de la Croix-Rousse précisément ?

Nous avons créé La Bande Dessinée en novembre 2002 avec pour idée de proposer une librairie spécialisée en bande dessinée dans le quartier de la Croix-Rousse. Vivant à Caluire, nous nous sommes vite rendu·es compte qu’il n’y avait rien en termes d’offre BD alors que la demande était forte. Le projet s’est monté entre avril et novembre 2002, période durant laquelle nous nous sommes renseigné·es sur les différents dispositifs d’aides proposés. Nous avons également rencontré·es nombre d'actrices et d'acteurs du monde du livre telles que des maisons d'édition, des représentant·es. Cela nous a permis d’avoir une vision d’ensemble du métier et de ses réalités.

C’est ainsi que nous avons commencé dans un petit local de 30 m2, au 37 de la Grande rue de la Croix Rousse, avec de la BD et des produits dérivés. Valérie travaillait alors seule en boutique, j’étais présent autant que possible bien-sûr, mais je n’ai pu la rejoindre définitivement qu’en 2005, après avoir négocié mon départ avec mon employeur.

En 2005, nous avons déménagé du 37 au 57 Grande rue de la Croix-Rousse dans plus de 100 m2, nous permettant ainsi de développer notre activité et notre chiffre d’affaires tout en augmentant la qualité de service apportée à notre clientèle. Ce déménagement s’est accompagné de deux embauches (1 salarié et 1 contrat d’apprentissage), de la création d’un site web complètement refondu en 2010, et d’une augmentation du nombre de fournisseur·euses, proposant ainsi un choix plus important à notre clientèle.

En 2006, nous avons ouvert un local rue d’Ivry, tout à côté, « Le Manga », qui comme son nom l’indique proposait exclusivement des mangas et des produits dérivés. L’expérience n’a pas été concluante, nous étions en surstock permanent avec des produits qui ne nous correspondaient pas vraiment. Nous avons décidé de fermer cette antenne, de tout rapatrier à La BD et d’en finir avec les produits dérivés.

Quel est votre public ? Est-il lui aussi « spécialisé » ou se compose-t-il également de « non-initié·es » ?

Plus qu'un pas pour franchir la porte de La Bande dessinée

Plus qu'un pas pour franchir la porte de La Bande dessinée (2013) © Chez mon libraire

Nous sommes définitivement « tout public ». Cela va de la personne curieuses aux jeunes adultes, en passant par le lectorat plus pointu. Il est vrai que notre clientèle est à 80 % masculine, mais la tendance est à la féminisation, notamment chez les 15-25 ans.

La Croix-Rousse est un quartier d’habitation à la population exigeante, une clientèle dite « familiale », qui nous impose d’être à même de répondre aux diverses demandes qui concernent aussi bien la BD jeunesse que la BD adulte, et ce parmi les différents genres existants (BD franco-belge, comics, indépendants et mangas…), à l’identique d’une bibliothèque.

Comment décririez-vous votre offre éditoriale BD ?

Qualitativement, notre librairie propose un grand choix de références et des espaces bien définis comme les rayons manga, indépendants, adulte, jeunesse… La part des comics ne cesse de croître alors que les mangas se stabilisent après une période de nette baisse. Nous avons fait le choix de nous spécialiser dans la BD franco-belge classique, les comics et les mangas.

Lorsque vous vous êtes lancé·es il y a 10 ans, aviez-vous envisagé toutes les facettes du métier ?

Pas du tout ! On n’était pas sûr·es que ça nous plaise ! A la base on voulait se faire plaisir, mais on ne pensait pas, à l’époque, que l’on pourrait en vivre. On ne connaissait rien à la librairie et c’est la raison pour laquelle ce n’était pas notre emploi principal dans les premiers temps (Patrice avait gardé son poste de responsable commercial dans le privé).

En revanche nous avions de solides connaissances commerciales étant donné nos emplois respectifs de commerciaux·ales. La surprise est venue de la distribution « inversée des rôles ». En effet, on s’est vite confronté·es à la réalité suivante : ici ce n’est pas la ou le commerçant·e qui fixe les conditions mais les fournisseur·euses. L’inverse en somme de ce qui se pratique habituellement dans les activités de commerce.

A vos yeux, quels ont été les évolutions de votre activité au cours des 10 années écoulées, et quel bilan en tirez-vous ?

Le bilan est positif. A nos débuts, en 2002, nous avions 2 500 nouveautés répertoriées, aujourd’hui nous en sommes à plus de 5 700. Au début, nous avions beaucoup trop de fond. Cela occupait, d’une part, beaucoup de place et représentait, d’autre part, une immobilisation financière importante.

Il faut aussi souligner que les représentant·es nous ont beaucoup aidé·es au départ, et que les maisons d'édition, très tatillonnes à la base sur les mises en place et les retours, le sont moins aujourd’hui, ce qui nous facilite la tâche.

Quels sont vos projets à plus ou moins long terme ?

Espace manga de La Bande dessinée en 2013

Espace manga de La Bande dessinée en 2013 © Chez mon libraire

Nous avons le projet de développer en priorité nos animations extérieures. Nous avons notamment créé, il y a quelques années déjà, l’association LBDO, maître d’œuvre du Festival de la Bande Dessinée de Lyon.

Nous souhaitons sortir de nos murs, et cela se traduit par plusieurs partenariats que nous mettons en place avec des lieux culturels. Nous présentons ouvrages, albums et planches lors de représentations se déroulant au Théâtre de la Croix-Rousse par exemple, d’expositions à la Maison de l’Environnement, ou, dernièrement, à l’occasion d’une exposition organisée avec la Bibliothèque Municipale du 4e arrondissement pour les des 10 ans de la maison d’édition La boîte à bulles.

Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans une librairie spécialisée BD ?

De faire de l’haltérophilie ! D’être passionné·e et d’être un·e bon·ne gestionnaire. Il est important d’avoir des notions globales du monde de l’entreprise, et de ne surtout pas négliger tout le côté administratif, une facette de ce métier qui a tendance, à tort, à être sous-estimée.

Le métier de libraire, pour vous, c’est quoi ?

Avant tout la liberté. Liberté de prendre les bonnes, mais aussi les mauvaises décisions. C’est assouvir une passion tout en s’enrichissant énormément ; une fameuse aventure humaine qui nous a permis de rencontrer beaucoup de gens, qui sont devenus, pour quelques-uns, des ami·es. Sans oublier le plaisir quotidien d’ouvrir des cartons, et de se laisser gagner par l’effet de surprise d’y découvrir les nouveautés.


Propos recueillis par Libraires en Rhône-Alpes en mars 2013
Article mis à jour en août 2023

Librairie La Bande Dessinée
Année de création : Octobre 2002
Surface de la librairie : 100 m2