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Portrait du libraire .Coste Daphné et Tracol Antoine

Portrait réalisé le 14/11/2018

Portraits de Daphné - Les Mots bleus - et Antoine - Au détour des mots

Daphné Coste et Antoine Tracol sont aujourd'hui chacun·e à la tête de leur propre librairie : Les Mots Bleus à Fontaines-sur-Saône (Rhône), et Au détour des mots à Tournon-sur-Rhône (Ardèche). Deux librairies implantées dans des villes moyennes, deux parcours aux nombreuses similitudes, et surtout deux jeunes repreneur·euses qui se sont jeté·es dans le grand bain avec un enthousiasme communicatif qui n'attend qu'à être partagé.

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Les Mots bleus

location_on 13 rue Pierre Bouvier - 69270 Fontaines-sur-Saône

phone 04 78 22 55 94

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Rencontre avec Daphné Coste et Antoine Tracol

Pour commencer, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Daphné Coste : A l'issue de mes études en sciences politiques à l'IEP de Lyon, j'ai travaillé trois ans dans le domaine du logement social et de l'urbanisme avant d'intégrer par la suite une association œuvrant dans l'économie sociale et solidaire. Des secteurs qui me tenaient à cœur mais je souhaitais évoluer vers le domaine du livre et y développer mon propre projet, après avoir travaillé dans des domaines très contraints, avec peu de marges de manœuvre individuelle. J'avais déjà cette volonté d'être indépendante et de faire les choses à ma manière.

Images de la librairie Les Mots Bleus

Grande lectrice, j'ai toujours été passionnée de littérature. Déjà, lorsque je faisais mes études, je suivais de loin la formation de gestionnaire en librairie proposée à l'époque par la CCI de Lyon. Chaque année je m'interrogeais quant au fait de l'intégrer ou non. Le fait de ne pas avoir fait d'études littéraires me titillait depuis toujours et je me demandais ce que je pourrais faire dans ce domaine qui me paraissait inaccessible. Je ne me suis pas autorisée à faire ce choix car à l'époque je ne percevais pas les débouchés possibles. Mon contrat s'étant interrompu et la formation de libraire commençant un mois après, je n'ai pas hésité plus longtemps pour me lancer. Les deux choses qui me font palpiter dans ce métier sont le rôle de passeuse qu'il implique ; partager ses coups de cœur, faire circuler des livres et des idées qui me tenaient à cœur. Je voulais aussi un métier polyvalent, varié où j'avais prise sur tous les aspects, de la communication à la logistique en passant par la comptabilité. Bref, je voulais gérer mon business de A à Z et comme je l'entendais.

Antoine Tracol : J'ai passé un bac littéraire et c'est là que j'ai eu l'idée de devenir libraire, très rapidement. En Première j'ai eu la chance de faire partie du jury du Goncourt des lycéens et d'avoir des professeur·es formidables et très inspirant·es. Je fréquentais déjà beaucoup les librairies à l'époque.

Images de la librairie Au détour des mots

A l'issue de ma première année de fac de lettres, la formation BP libraire à ouvert ses portes à Villefranche-sur-Saône, le timing était parfait, je n'ai pas hésité une seconde pour m'inscrire et intégrer la première promotion. Au bout des deux ans de formation en alternance, j'ai travaillé trois ans en tant que salarié dans deux librairies de la région, Lucioles à Vienne et Au Temps retrouvé à Villard-de-Lans avant de me lancer dans ma propre affaire.

Pour moi, il s'agit d'un métier politique avant toute chose, engagé, où, en tant qu'indépendant, on fait des choix, on prend des décisions, mais c'est aussi et surtout avoir une identité.

Vous avez tous deux évoqué une formation de libraire. Avez-vous constaté un décalage entre théorie et pratique sur le terrain ?

Daphné : Je ne peux faire que l'éloge de la formation de la CCI de Lyon qui malheureusement n'existe plus aujourd'hui. J'ai fait partie de la dernière promotion de 2015. C'était comme une porte d'entrée, un passeport pour le milieu du livre. Tous nos enseignant·es étaient libraires ou éditeur·rices et nous parlaient donc de la réalité du métier. Pendant neuf mois on était comme dans une bulle, où l'on parlait, dormait librairie, où l'on faisait des projets ensemble tout en développant sa culture générale. Ce fut comme une parenthèse de grande stimulation, d'effervescence dans ma vie professionnelle. C'était une formation très opérante qui donnait beaucoup d'outils notamment en gestion, mais il est vrai que le rush, la densité et l'intensité du travail, le stress, eux, ne peuvent s'appréhender qu'une fois en place dans la librairie, où l'on réalise que l'on ne s'arrête jamais, et que l'on pas le temps de faire tout ce suivi et la gestion qu'on nous a enseigné. Dans son magasin, la libraire est un véritable équilibriste, elle doit être disponible et conseiller la clientèle tout en répondant au téléphone, en complétant une facture, en défaisant une pile de quarante cartons, en gérant des lignes entières de comptabilité...

Antoine : C'était la première promotion du BP libraire de Villefranche-sur-Saône. On était en petit groupe, 5 apprenti·es ! avec des profils très différents et des librairies qui l'étaient tout autant. Pendant deux ans, le rythme était d'une semaine par mois en cours et le reste en librairie. J'ai effectivement ressenti un décalage entre la pratique et le théorique, mais je pense que c'est plus lié à la méthode de travail en entreprise qu'à la formation BP qui était très détaillée concernant l'économie, la gestion, le droit des entreprises, la vente, etc. Je n’avais pas tout vu en tant qu’apprenti, la librairie n'étant pas informatisée, il n'y avait donc aucune statistique, ce qui fait qu'il y avait effectivement un décalage entre ce que je voyais en cours et ce qu'il se passait vraiment sur le terrain. C'est en arrivant chez Lucioles, après mon apprentissage, que j'ai vraiment découvert le métier de libraire. Tout ce qui relevait de la négociation avec les représentant·es et de l'implantation avant ouverture était beaucoup plus difficile une fois sorti de la salle de cours.

Vous avez repris des librairies anciennes, gérées par des personnalités identifiées. Comment cela s'est passé pour le et la jeune repreneuse que vous êtes ?

Daphné : Je suis originaire de Fontaines-sur-Saône mais le fait d'avoir repris la librairie du village de mon adolescence est un vrai hasard. Après avoir exploré plusieurs pistes de reprises j'ai opté pour cette librairie. Je croyais à la périphérie de Lyon, à la proximité, au petit village dans lequel les gens tiennent à leurs petits commerces. En même temps on est proche de Lyon avec une certaine mixité sociale. Bref, il y a quelque chose qui fait fonctionner le vivre ensemble à Fontaines-sur-Saône.

La précédente gérante, Madeleine Lucet, avait créé la librairie en 2005. C'était une personne très appréciée localement qui souhaitait prendre sa retraite après près de onze ans de travail intense. Pendant trois mois j'ai bénéficié d'un tuilage avec elle ce qui m'a été vraiment très bénéfique, et j'ai plongé dans le grand bain, toute seule, à la période de Noël. Un bizutage stressant mais réussi !

Antoine : La librairie Courtial appartenait à la même famille depuis 179 ans ! Elle a été créée en 1839 par Antoine Vialette (le seul homme, car ensuite elle s'est transmise de mère en fille sur plusieurs générations) et les locaux appartenaient auparavant à un Tracol, cette coïncidence est plutôt marrante presque deux siècles plus tard ! La reprise s'est très bien passée, j'ai eu la chance d'avoir à faire à une personne qui était ouverte à la négociation, et très à l’écoute. Anne-Catherine Barthelon (l'ancienne propriétaire) souhaitait tourner définitivement la page mais elle voulait que cela reste une librairie. On se connaissait déjà, je faisais partie du « paysage local » et fréquentais déjà la librairie. Je ne souhaitais pas particulièrement de tuilage, ainsi, dès le mois de mars 2018, je me suis retrouvé directement seul dans le grand bain, mais heureusement c'est une période plutôt calme en librairie.

Vous lancez en solo dans la reprise d'une librairie était-il votre projet initial ? Avez-vous pensé également à la création, voire au salariat ?

Daphné : J'ai fini ma formation en décembre 2015 et je suis arrivée ici le 1er septembre 2016. Dans les faits j'ai commencé à travailler sur ce projet au mois de juin, j’étudiais une autre reprise à laquelle je n'ai finalement pas donné suite. Comme j'avais d'ailleurs travaillé un mois pendant la période de Noël de l’année précédente, j’étais déjà conquise par la dimension très conviviale de la clientèle, le charme de cette petite librairie et le potentiel de développement dans un village dynamique au niveau démographique. Les négociations sont allées finalement assez vite, nous avons trouvé un accord financier en quelques semaines.

Antoine : Le chemin a été long... Avec les délais administratifs de rigueur, en tout le processus a duré un an. L'implantation m'a pris beaucoup de temps, environ quatre mois. Ce qui était difficile pour l'ancienne gérante ce n'était pas tant la librairie mais le lieu, l'espace familial qu'elle représentait. Dès le début de mes études je voulais avoir ma propre librairie. J'avais même eu le projet de reprendre la librairie dans laquelle j'étais en apprentissage mais je me suis rendu compte que cela aurait été une grosse erreur de me lancer si rapidement à la fin de mon apprentissage. Je ne connaissais pas assez le métier, j'avais besoin de ces années d'expérience chez Lucioles et Au Temps Retrouvé pour voir d'autres façons de travailler, de faire avec les représentant·es, d'acheter, de vendre, pour lire aussi. Je pense que j'aurais été droit dans le mur. J'ai ainsi pu mûrir mon projet, développer mes contacts avec des auteur·rices, des représentant·es etc..., ce fut bienfaiteur. J'avais pensé un temps à une librairie jeunesse avec une associée mais je me suis vite rendu compte de la non faisabilité du projet. La propriétaire de la librairie Courtial avait déjà évoqué la possible cession de sa librairie mais ce n'était pas encore le moment pour moi. Puis en revenant de Villard-de-Lans où j'avais passé un an, j'ai repensé à cette offre et les choses se sont enclenchées. Dès le départ en revanche mon projet se situait en Ardèche, et si possible à proximité de Tournon, ma ville de cœur.

L'une à Fontaines-sur-Saône, l'autre à Tournon-sur-Rhône... Dîtes-nous en plus sur ces deux villes et sur vos librairies.

Daphné : Fontaines est un petit village de 7 000 habitants sur les bords de Saône, à 20 min de Lyon, organisé autour d'un petit centre avec un certain dynamisme commercial. Il y règne une grande mixité sociale, les habitant·es ont des niveaux de vie très différents. La librairie est située dans une petite rue piétonne, je suis bien identifiée du fait de l'ancienneté de la librairie. Il y a une forte densité de librairies dans les villages alentours mais les barrières géographiques font que l'on n'empiète pas les unes sur les autres ! On s'entend tous très bien, on se renvoie d'ailleurs fréquemment la clientèle via la plateforme de géolocalisation de livres en Auvergne-Rhône-Alpes chez-mon-libraire.fr.

Images de la librairie Les Mots Bleus

L'attachement à la librairie est incroyable, la clientèle a majoritairement suivi, certains viennent là depuis 15 ans. Elle est surtout familiale et elle a même un peu évolué au profit d'une clientèle plus jeune, avec des centres d'intérêts plus engagés ou alternatifs. La première année, je n'ai subi de baisse d'activité, au contraire, ma fréquentation a augmenté de 15 % et j'ai vu une nouvelle clientèle franchir le pas de la porte.

L'association des commerçant·es est très dynamique. On organise des événements festifs, des jeux concours, des campagnes de communication. On a également participé à la mobilisation contre l'espace culturel Leclerc qui devait s'agrandir à proximité à Genay, et nous restons attentifs quant à un potentiel projet d'agrandissement de l'espace culturel du Auchan Caluire, pas très loin également.

Antoine : Tournon est une ville moyenne de 11 000 habitant·es et qui draine 6 000 scolaires avec tout le plateau ardéchois et une petite partie de la Drôme des collines. J'ai quelques projets avec notamment le lycée professionnel hôtelier auprès duquel j'interviens ponctuellement pour présenter le métier de libraire. J'essaie d'instaurer des partenariats en travaillant avec les documentalistes, les Centres de Documentation et d'Information des établissements, etc. Tournon a connu une période très dynamique, mais cela a décliné suite à la construction d'un parking souterrain il y a 7 ans qui a supprimé les autres places. Les clients ont déserté le centre pour se tourner vers Valence et ses grandes zones commerciales. De nombreux commerces ont alors fermé. On essaie de faire revenir la clientèle et de mettre en avant le fort potentiel touristique de la ville avec les bateaux de croisière fluviale notamment. L'association de commerçants, dont je fais partie, est très dynamique. C'est une ville en laquelle je crois énormément car entre Annonay et Valence il n'y a pas grand chose en termes de commerces. La municipalité essaie de faire venir les Valentinois, la Drôme des collines et tout le plateau ardéchois en embauchant du personnel pour redynamiser le centre. C'est une ville particulière car engagée : toute la rue piétonne principale n'est occupée que par des commerces indépendants.

Images de la librairie Au détour des mots

La clientèle évolue un peu. Au début j'avais beaucoup d'ancien·nes client·es qui ont continué à venir malgré les 3 mois de fermeture de la librairie. Ils ont un peu changé leurs habitudes mais ils sont très content·es de ce qu'est devenue la librairie d'après ce que je peux en entendre. Et surtout je ne boude pas mon plaisir d'avoir beaucoup de nouvelles personnes, la trentaine, anciens et anciennes utilisatrices de Cultura ou Amazon, et qui aujourd'hui viennent en librairie indépendante. J'ai pas mal de lycéen·nes aussi, notamment pour les mangas. Les jeunes sont présent·es. La clientèle est très en attente de conseils, quasiment tous ceux et celles qui rentrent en veulent un et c'est génial ! Il y a une vraie discussion qui s'instaure. J'ai eu une hausse d'activité dès le départ, ce qui m'a récemment permis d'embaucher Marianne.

Avez-vous procédé à des aménagements dans vos magasins respectifs ? Votre offre ou vos rayons ont-t-ils changé, avez-vous insufflé de nouvelles orientations ?

Daphné : J'ai fait quelques travaux de rafraîchissement. L'intérieur a été repeint en blanc, l'éclairage a été renforcé, on a valorisé les livres en construisant des facings de manière un peu artisanale, mais néanmoins solide ! Cette année j'ai également fait refaire la façade avec le soutien de la commune. Concernant l'offre, j'ai créé un coin BD en triplant le stock et en faisant des aménagements pour les mettre plus en vue. J'ai supprimé quasiment toutes les grilles d'offices, pour pouvoir choisir et affiner mon assortiment et me permettre d'aller vers des choix plus confidentiels au niveau des éditeurs notamment. Je m'intéresse beaucoup à l'écologie, à la BD adulte où j'essaie de faire des sélections plus originales. J'ai beaucoup travaillé sur mon stock, cela m'a pris deux ans pour avoir ce qu'il faut et trouver le juste équilibre entre ce que l'on me demande et ce que j'ai envie de proposer.

Antoine : La librairie est restée fermée trois mois à partir du 24 décembre. Les travaux ont duré environ 1 mois puis il y a eu tout le travail d'implantation. J'ai essentiellement rafraîchit l'ensemble en changeant le carrelage au sol pour du parquet, en repeignant, en uniformisant l'éclairage, j'ai libéré l'espace dans la librairie en évacuant deux grandes banques en bois pour permettre aux gens de circuler plus aisément dans les rayons. Enfin j'ai refait la devanture et j'ai dégagé la vitrine qui fait deux mètres de haut afin que l'on puisse voir l'intérieur du magasin ; ma vitrine c'est le magasin.

J'ai tout repris à zéro au niveau de l'offre de livres. J'ai à présent des mangas et de la BD qui n'étaient pas très bien représentés avant et j'ai surtout beaucoup de nouveautés. Je travaille finement mes offices et j'ai reconstitué également le fonds. J'ai de nombreux coups de cœurs en jeunesse qui est le rayon que j'ai le plus développé, à tel point que je termine juste l'agrandissement d'un nouvel espace dédié qui servait avant de salon. Il y a une forte demande du fait du nombre de jeunes parents qui viennent s'installer et travailler dans les environs, et de grands-parents qui s'occupent de leurs petits enfants. Marianne, embauchée comme libraire le mois dernier, conseille en science-fiction, en fantasy ; des rayons que personnellement je connais beaucoup moins, on se complète donc bien et on est en mesure de faire une sélection intéressante pour tout le monde.

De quels soutiens et aides avez-vous bénéficié ?

Daphné : J'ai été suivie par l'Auvergne-Rhône-Alpes-Livre et Lecture (ARALL), la DRAC et la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Cela m'a permis d'avoir une aide à la reprise sous la forme d'une subvention qui m'a grandement aidé pour les travaux que j'ai eus à faire. La ville de Fontaines a également financé 1/3 des travaux de façade. J'ai aussi bénéficié du suivi et des conseils de Libraires en Rhône-Alpes ainsi que du soutien de la profession : beaucoup de libraires m'ont accordé de leur temps et m'ont aidé à mieux comprendre ce que représentait une reprise et à lire des chiffres. Sans parler des personnes rencontrées lors de ma formation.

Antoine : J'ai reçu le soutien du CNL en subvention et en prêt à taux zéro, ainsi que de la région Auvergne-Rhône-Alpes et la DRAC pour la reprise et l'agrandissement et l'informatisation. La banque m'a également suivi en me faisant un prêt à taux zéro. J'ai eu enfin le soutien financier et moral d'Initiactive : une association organisée autour d'une commission constituée de banquiers, de comptables... qui font du prêt à taux zéro, et mettent en réseau avec d'autres entrepreneurs et entrepreneuses des départements de la Drôme et de l’Ardèche. Cela permet de bénéficier d'un œil extérieur sur les aspects commerciaux, il y a aussi un important suivi mensuel des chiffres, les banques ont d'ailleurs suivi grâce à à ces personnes car elles se sont portés garantes à hauteur de 60%. Ce dispositif court sur 5 ans.

J'ai pu compter sur l'aide de confrères comme Sophie Agraphioty de la librairie La Virevolte à Lyon, qui venait tout juste de reprendre sa librairie. Daphné m'a aidé sur l'implantation, on avait même eu l'idée de s'associer au tout début de nos réflexions mais nous sommes finalement restés chacun sur nos terres natales. Les libraires de la Parenthèse à Annonay m'ont bien soutenu moralement du début à la fin. L'association Libraires en Rhône-Alpes a également été de précieux conseils dès le début.

Quel bilan faites-vous aujourd’hui et quelles sont vos perspectives à plus ou moins long terme ?

Daphné : Mon bilan est super positif, je suis très contente d'avoir trouvé ma place à Fontaines et un point d'équilibre qui va me permettre d'embaucher dès novembre 2018 et donc de retrouver un travail plus qualitatif. Mon point faible ce sont les rencontres, les événements car je n'ai pas le temps de bien les travailler. Je fais tout dans l'urgence et cela finit par être très frustrant. Donc mes perspectives sont d'embaucher quelqu'un à présent que c'est possible, et de m'appuyer sur cette personne afin de développer ma communication et mon événementiel, d'insuffler un nouveau souffle en faisant des coups de cœur libraire par exemple, en animant les réseaux sociaux plus régulièrement.

Les frais fixes comme le loyer étant très faibles, cela me permet d’avoir un appel d’air pour embaucher. Je suis persuadée que les librairies indépendantes dans les petites villes périphériques peuvent vraiment se développer, car l'attachement de la clientèle à sa librairie dans leur village est essentiel. Par ailleurs, les charges sont moins lourdes et les acteurs et actrices locales mobilisées pour soutenir leurs commerces.

Antoine : Aujourd'hui, 7 mois plus tard, je suis ravi et enchanté ! C'est au-delà de mes espérances, j'ai de très bons retours de la clientèle sur la librairie. L'entente est très bonne avec les autres commerçant·es avec lesquels je mets en place des partenariats. Le bilan est extrêmement positif et j'ai même pu embaucher Marianne fin août, à 24 h / semaine pour l'instant.

Une de mes perspectives, qui était l'agrandissement du coin jeunesse, s’est réalisée début novembre. Je n’ai pas forcément gagné beaucoup de place en jeunesse mais j’en ai libéré pour la BD/Mangas qui est un rayon que je compte aussi beaucoup développer. Je souhaite m'investir un peu plus dans les salons, rencontrer plus de monde ; j'ai envie de participer à la connaissance du métier auprès des collégien·nes, des lycéen·nes, et des étudiant·es, d'avoir une action de sensibilisation éducative, de faire rayonner le livre tout en leur faisant passer des messages informatifs et militants sur le prix unique du livre ou les ravages d'Amazon par exemple. Je trouve cela très gratifiant et j'apprends énormément auprès de ces jeunes ; il est très important pour moi de ne pas me cantonner uniquement à la librairie.

Et si c'était à refaire... ?

Daphné : Mais évidemment ! Tout de suite, mais à deux ! C'est très difficile d'être seule, à deux c'est pouvoir développer une complicité qui permet de mettre en place des projets et d'aller plus loin. C'est se partager les tâches, lire plus, avoir une vision complémentaire et plus d'énergie au final. On ne pouvait pas être deux au départ sur ce projet, et là c'est une vraie surprise pour moi de pouvoir embaucher. Je suis très contente et soulagée que cela puisse se faire au bout de 2 ans, notamment avec la période de Noël qui approche...

Antoine : J'irai avec grand plaisir ! C'est vrai que cela a représenté énormément de stress mais une fois que cela a été signé, tout est retombé et j'avais surtout hâte de me mettre au travail. Si c'était à refaire je le referai volontiers et cela me ferait, je pense, beaucoup moins peur. Il s'agissait d'un projet mûrement réfléchi, pendant plusieurs années...


Propos recueillis par Chez Mon Libraire – octobre 2018

Librairie Les Mots Bleus
Année de création : 2005
Année de reprise : 2016
Surface de la librairie : 48m2
Stock moyen : 8 000 références avant la reprise / 9 000 après

Librairie Au détour des mots
Année de création : 1839
Année de reprise : 2018
Surface de la librairie : 48 m2 avant la reprise / 69 m2 après
Stock moyen : 12 000 références avant la reprise / 8 000 après